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Page:Nietzsche - L’Origine de la Tragédie.djvu/230

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L’ORIGINE DE LA TRAGÉDIE

outre les Considérations inactuelles dont il sera donné prochainement une version française.


Telle que nous l’a présenté Nietzsche, l’Origine de la Tragédie n’est qu’un fragment. Dans l’esprit du jeune savant les idées qui y sont exprimées devaient s’amplifier jusqu’à former un vaste ouvrage sur les Grecs. Mais pour diverses raisons, parmi lesquelles prévalut le désir de terminer son volume par une apologie de Richard Wagner, le plan primitif fut simplifié et l’achèvement de l’œuvre prématurément hâté. Des chapitres entiers d’une rédaction définitive ont été sacrifiés. D’autres idées, qui pouvaient affermir la thèse de Nietzsche, n’ont été qu’ébauchées. Nous réunirons ce qui mérite d’en être conservé dans un appendice à cette publication.

L’œuvre audacieuse de ce professeur qui n’avait pas vingt huit ans fit scandale parmi les savants de l’« école ». Attaquée avec beaucoup d’âpreté par M. de Wilamowitz-Mœllendorff, elle fut défendue par les deux amis intimes de Nietzsche : Richard Wagner et Erwin Rohde. Nietzsche revint souvent plus tard à son premier livre. Il le juge une dernière fois dans de merveilleuses pages d’autobiographie morale qu’il écrivit en 1888 et dont la pieuse mémoire de sa sœur nous a conservé des fragments.


1.

« Pour être juste à l’égard de l’Origine de la Tragédie (1872) il faudra oublier certaines choses. Cette œuvre a fait de l’effet, elle a même fasciné avec ce qu’il y avait en elle de manqué — avec son application au wagnérisme, comme si celui-ci était un symptôme de commencement. C’est que, par cela même, mon livre fut un événement dans la vie de Wagner : depuis son apparition le nom de Wagner éveilla de grandes espérances. Aujourd’hui encore on me fait souvenir,