Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/128

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terreur à inspirer) semble éclipser tous les autres. Pour qu’on puisse se représenter quelque peu combien incertain, surajouté, accidentel est le « sens » du châtiment, combien une même procédure peut être utilisée, interprétée, façonnée dans des vues essentiellement différentes, voici l’aperçu que j’ai pu donner grâce à des matériaux relativement peu nombreux et tous fortuits : Châtiment, moyen d’empêcher le coupable de nuire et de continuer ses dommages. Châtiment, moyen de se libérer vis-à-vis de l’individu lésé et cela sous une forme quelconque (même celle d’une compensation sous forme de souffrance). Châtiment en tant que restriction et limitation d’un trouble d’équilibre pour empêcher la propagation de ce trouble. Châtiment, moyen d’inspirer la terreur en face de ceux qui déterminent et exécutent le châtiment. Châtiment, moyen de compensation pour les avantages dont le coupable a joui jusque-là (par exemple lorsqu’on l’utilise comme esclave dans une mine). Châtiment, moyen d’éliminer un élément dégénéré (dans certaines circonstances toute une branche, comme le prescrit la législation chinoise : donc moyen d’épurer la race ou de maintenir un type social). Châtiment, occasion de fête pour célébrer la défaite d’un ennemi