Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/235

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le prêtre ascétique, en prescrivant l’amour du prochain, prescrit au fond un excitant de l’instinct le plus fort et le plus affirmatif, bien qu’à une dose minime, — la volonté de puissance. Le bonheur de la « moindre supériorité », tel que l’amènent avec eux la bienfaisance, les secours et les témoignages de compassion est le plus puissant moyen de consolation dont se servent les êtres physiologiquement entravés dans les cas où ils sont bien conseillés : dans le cas contraire, ils se nuisent les uns aux autres, toujours en obéissant au même instinct fondamental. Lorsque l’on remonte aux origines du christianisme dans le monde romain, on trouve des sociétés de secours mutuels, des associations pour secourir les pauvres, soigner les malades, enterrer les morts, associations qui se sont développées dans les plus basses couches sociales de cette époque, où l’on cultivait en conscience de cause ce remède capital contre la dépression, la petite joie, la joie de la bienfaisance mutuelle, — peut-être était-ce alors quelque chose de nouveau, une véritable découverte ? Par une « volonté de mutualité », ainsi provoquée, par une telle formation de troupeaux, de « communautés », de « cénacles », on fera naître à nouveau, quoique à un degré minime,