Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/237

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irrité et foncièrement troublé par l’organisation. Toute oligarchie (l’histoire entière est là pour nous l’apprendre) cache toujours en elle le désir de la tyrannie ; elle tremble sans cesse à cause de l’effort que chacun des individus qui la composent a besoin de faire pour rester maître de ce désir. (C’était par exemple le cas des Grecs : Platon l’atteste en maint endroit, Platon qui connaissait ses pareils — et qui se connaissait…)

19.

Les moyens que nous avons vu mettre en usage jusqu’ici par les prêtres ascétiques — l’étouffement de tous les sentiments vitaux, l’activité mécanique, la petite joie, celle surtout de l’ « amour du prochain », l’organisation en troupeau, l’éveil du sentiment de puissance dans la communauté et sa conséquence, le dégoût individuel étouffé et remplacé par le désir de voir prospérer la communauté — ce sont là, si l’on se place à un point de vue moderne, les moyens innocents employés dans la lutte contre le malaise : tournons-nous maintenant vers les moyens plus intéressants, les moyens « coupables ». Partout il ne s’agit que