Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/248

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pénétré de la sainteté de son but) ait jamais été utile à un malade confié aux soins du prêtre ascétique, qui aurait la fantaisie de le prétendre ? Du moins faudrait-il s’entendre sur le sens du mot « utile ». Veut-on dire par là qu’un tel système de traitement a rendu l’homme meilleur, je n’y contredirai pas : mais j’ajouterai que, pour moi, rendre « meilleur » signifie « domestiquer », « affaiblir », « décourager », « raffiner », « amollir », « efîéminer » (rendre meilleur serait donc presque synonyme de dégrader…). S’il s’agit avant tout d’être malade, mal à l’aise, déprimé, un tel système, à supposer qu’il rende le malade « meilleur », le rendra certainement plus malade ; qu’on interroge donc un médecin aliéniste sur les résultats d’une application méthodique des tortures de la pénitence, d’un usage continuel de contrition et d’extases mystiques. Qu’on interroge aussi l’histoire : partout où le prêtre ascétique a appliqué son traitement, la maladie s’est développée avec une promptitude et une intensité inquiétantes. Quel a toujours été le « résultat » ? Le bouleversement du système nerveux ajouté à la maladie antérieure ; et cela en général, comme dans les cas particuliers, pour les individus comme pour les masses. Comme conséquence au training