men. Mais les philosophes, eux aussi, dès qu’ils ont eu l’intention de prendre en mains la direction des hommes, avec des arrière-pensées sacerdotales, se sont immédiatement réservé le droit de mentir : Platon avant tout. Mais le plus grandiose de tous est ce double mensonge développé par les philosophes du Védanta qui sont les philosophes ariens par excellence : deux systèmes, contradictoires dans tous les points principaux, mais qui peuvent servir l’un pour l’autre, se remplacer et se compléter, dès qu’il s’agit de fins éducatrices. Le mensonge d’un principe doit créer une condition qui rende intelligible la vérité de l’autre… Jusqu’où va le pieux mensonge des prêtres et des philosophes ? — Il faut se demander ici quelles hypothèses ils mettent en avant pour l’éducation, quels dogmes il leur faut inventer pour satisfaire à ces hypothèses ? En premier lieu : il faut qu’ils aient de leur côté la puissance, l’autorité, la crédibilité absolue. En deuxième lieu : il faut qu’ils connaissent toute la marche de la nature, de sorte que tout ce qui touche l’individu paraisse conditionné par leurs lois. En troisième lieu : il faut encore que le domaine de leur puissance soit très vaste, de façon à ce que le contrôle en échappe aux yeux de leurs subordonnés : il faut qu’ils tiennent la mesure pénale pour l’au-delà, pour l’" après la mort " et, comme
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Apparence