Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/159

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t le mot d’ordre sur lequel ils se ralliaient. Et de nouveau, pour pouvoir croire en eux-mêmes, ils ont besoin d’une transfiguration théologique ; ils ont besoin du " fils de Dieu ", rien moins que cela, pour se faire accorder créance. Et, de même que les prêtres avaient faussé l’histoire d’Israël tout entière, on reprit la même tentative, pour fausser cette fois, pour transformer toute l’histoire de l’humanité, dans le but de faire apparaître le christianisme comme un événement cardinal. Ce mouvement ne pouvait s’organiser que sur le terrain du judaïsme, dont c’était le trait capital d’avoir confondu la faute et le malheur et de transformer toute faute en un péché envers Dieu : le christianisme reprend tout cela à la deuxième puissance.

100.

Les croyants ont conscience de la dette énorme qu’ils ont contractée envers le christianisme, et ils en concluent que le promoteur de celui-ci est un personnage de tout premier rang… Cette conclusion est erronée, mais elle est la conclusion typique de tous les vénérateurs. Au point de vue objectif, il serait possible, premièrement, qu’ils se trompent sur la valeur de ce qu’ils doivent au christianisme : les convictions ne prouvent rien en faveur de la chose dont on est convaincu, — dans le cas des religions, elles inciteraient plutôt à des soupçons vis-à-vis de cette chose… En second lieu, il s