Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/18

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tous les ouvrages du philosophe, le but où tendent tous ses efforts.

Nous possédons donc des manuscrits de la Transmu tation datant de trois époques différentes : les premiers rédigés depuis l’hiver 1886 à 87 jusqu’à la conception de la Généalogie de la Morale (été 1887) , sans lien, pour la plupart, avec le plan du 17 mars 1887 , ensuite la masse principale, depuis l’été 1887 jusqu’à la rédaction du Cas Wagner (printemps 1888), presque tous classés par Nietzsche selon notre disposition, de sorte qu’ils for ment la matière essentielle du présent ouvrage ; et enfin les notes prises depuis le printemps 1888 jusqu’à la fin de la même année , s’appliquant d’ailleurs principalement à un nouvel agencement de la matière. Il était difficile de prendre une décision au sujet du groupement de ces fragments, rédigés à des époques dif férentes, sans unité dans le plan. L’aspect de ceux-ci était de plus très divers : il y en avait qui étaient res tés d’une nature tout à fait embryonnaire, mais qui n’en gardaient pas moins une grande importance parce qu’ils contenaient des idées qui n’étaient pas exprimées ail leurs ; d’autres , et c’est le plus grand nombre, sont écrits d’une plume hâtive, sans recherche dans le style, comme des chapitres d’un journal intime ; ils portent souvent la trace d’une impression momentanée, avec des exagéra tions dans l’expression que Nietzsche aurait évitées dans une rédaction ultérieure. Il reste enfin des passages d’un style parfait qui auraient certainement passé, tels qu’ils sont, dans l’oeuvre capitale.

Il fallait compter, ensuite, avec les difficultés indes criptibles de la lecture des textes . Celui qui n’a pas pris connaissance des manuscrits peut à peine s’en faire une