Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/185

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saint Paul qui en fit une doctrine du mystère païen, propre à s’accorder enfin avec toute l’organisation de l’État… à faire la guerre, à condamner, à martyriser, à conjurer, à haïr. Saint Paul s’appuie sur le besoin de mystère des grandes masses religieusement agitées : il cherche une victime, une fantasmagorie sanglante, qui puisse entrer en lutte avec les images des cultes secrets : Dieux mis en croix, le calice de sang, l’union mystique avec la " victime ". Il cherche la continuité de l’existence après la mort (l’existence bienheureuse de l’âme individuelle rachetée) qu’il met en relation de cause avec cette victime, par la résurrection (d’après l’exemple de Dionysos, de Mithra, d’Osiris). Il faut qu’il mette au premier plan l’idée de faute et de péché, non point une pratique nouvelle comme Jésus lui-même la montra et l’enseigna), mais un culte nouveau, une foi nouvelle, la croyance à une métaphore miraculeuse (le " salut " par la foi). Il a compris le grand besoin du monde païen et de ces simples faits de la vie et de la mort du Christ ; il a donné une image absolument arbitraire, accentuant tout à nouveau, déplaçant partout le centre de gravité… il a annulé par principe le christianisme primitif… L’attentat contre les prêtres et la théologie a abouti, grâce à saint Paul, à un nouveau sacerdoce,