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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/240

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scure et arbitraire est encore fort jeune. Peut-être s’en débarrassera-t-on de nouveau avant qu’elle ne devienne une " idée fixe "… Elle ne forme pas un ensemble, cette humanité : elle est une multiplicité indissoluble de phénomènes vitaux, ascendants et descendants, — elle ne possède pas de jeunesse à quoi succède une maturité et enfin une vieillesse. Au contraire, les couches sont confondues et superposées - et dans quelques milliers d’années il pourra y avoir des types d’hommes plus jeunes que ceux aujourd’hui démontrables. La décadence, d’autre part, appartient à toutes les époques de l’humanité : partout il y a des déchets et des matières de décomposition : c’est le processus vital lui-même qui fait que les éléments de régression et de déchet s’éliminent.

Sous l’empire du préjugé chrétien, cette question n’a pas du tout été posée : le sens était donné par le salut de chaque âme particulière ; le plus ou moins dans la durée de l’humanité n’entrait pas en ligne de compte. Les meilleurs chrétiens désiraient que la fin vint aussitôt que possible ; on n’avait aucun doute au sujet de ce qui était nécessaire à l’individu… La tâche se présentait dans le présent pour chaque individu, comme elle devait se présenter dans n’importe quel avenir pour les hommes de