Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/242

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une proportion énorme : car seul un " enfant gâté " pouvait concevoir ce type idéal, tel qu’il apparaît toujours à nouveau, à chaque examen attentif. On croit savoir, en premier lieu, que le rapprochement d’un seul type est désirable ; en deuxième lieu de quelle espèce est ce type ; en troisième lieu que tout écart de ce type est une régression, une entrave, une perte de force et de puissance chez l’homme… Rêver des conditions où cet homme parfait aurait pour lui l’énorme majorité du nombre : nos socialistes eux-mêmes, sans parler de messieurs les utilitaires, ne sont pas arrivés plus loin. — Par là un but semble s’introduire dans l’évolution de l’homme : en tous les cas la croyance en un progrès vers l’idéal, la seule forme sous laquelle on imagine aujourd’hui une façon de but dans l’histoire de l’homme. En résumé : on a déplacé dans l’avenir la venue du " règne de Dieu ", on l’a placé sur la terre, lui donnant un sens humain, — mais au fond on n’a fait que maintenir la croyance en l’idéal ancien…

173.

L’homme, une petite espèce d’animal surexcité qui, heureusement, a son temps ; la vie sur la terre en général : un instant, un incident, une exception sans conséquence, quelque chose qui, pour le caractère général de la terre, demeure sans importance ; la terre elle-même, comme toute constellation, un hiatus entre deux néants, un événement sans plan,