Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/243

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sans raison, sans volonté, sans conscience, la pire nécessité, la nécessité bête… Quelque chose se révolte en nous contre cette façon de voir ; le serpent de la vanité nous dit que " tout cela doit être faux : car cela révolte… Tout cela ne pourrait-il être qu’apparence ? Et l’homme malgré tout, pour parler avec Kant, serait… - "

174.

La nécessité des valeurs fausses. — On peut réfuter un jugement en démontrant qu’il est conditionné : mais par là la nécessité de l’émettre n’est pas supprimée. Les valeurs erronées ne peuvent être exterminées par le raisonnement : tout aussi peu qu’une optique fausse dans les yeux d’un malade. Il faut comprendre la nécessité de leur présence : elles sont la conséquence de causes qui n’ont rien à voir avec des raisons.

175.

Il faut considérer tout ce qui s’était accumulé comme une émanation de cette suprême idéalité morale : et comment presque toutes les autres valeurs s’étaient cristallisées autour de cet idéal. Ceci démontre que cet idéal a été désiré le plus longtemps et avec la plus grande ferveur, — qu’il n’a pas été atteint : autrement, il aurait déçu (c’est-à-dire qu’il aurait été suivi d’une évaluation plus modé