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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/110

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inévitable des types moyens et même de ceux qui sont au-dessous de la moyenne. A moins que l'on nous démontre la raison qui fait que l'homme est l'exception parmi les créatures, j'incline à croire que l'école de Darwin s'est partout trompée. Cette volonté de puissance, où je reconnais le tréfonds et le caractère de tout changement, nous explique pourquoi la sélection ne se fait précisément pas en faveur des exceptions et des hasards heureux: les plus forts et les plus heureux sont faibles, lorsqu'ils ont contre eux les instincts de troupeau organisés, la pusillanimité des faibles et le grand nombre. Ma conception du monde des valeurs démontre que, dans les plus hautes valeurs placées maintenant au-dessus de l'humanité, ce ne sont pas les hasards heureux, les types de sélection qui ont le dessus, mais les types de décadence. - Peut-être n'y a-t-il rien de plus intéressant dans ce monde que ce spectacle non prié...

Quelque singularité qu'il y ait à l'affirmer, il faut toujours mettre en valeur les forts contre les faibles, les heureux contre les mal venus, les bien portants contre les dégénérés et les malades par hérédité. Si l'on veut réduire la réalité en une formule morale, cette morale s'exprimerait ainsi: la moyenne vaut plus que l'exception, les formations de la décadence plus que la moyenne; la volonté du néant tient le pas sur la volonté de croire - et le but général est, dès lors, quelle que soit la façon dont