on veut s'exprimer, chrétienne, bouddhiste ou schopenhauerienne: " Plutôt ne pas être, que d'être. "
Je me révolte contre cette façon de formuler la réalité, pour en faire une morale: c'est pourquoi je déteste le christianisme d'une haine mortelle, car il créa des mots et des attitudes sublimes pour prêter à une réalité épouvantable le manteau du droit, de la vertu, de la divinité.
Je vois toute philosophie, je vois toute science à genoux devant la réalité d'une lutte pour la vie qui est le contraire de celle qu'enseigne l'école de Darwin, - c'est-à-dire que j'aperçois partout au premier rang ceux qui sont le rebut, ceux qui compromettent la vie, la valeur de la vie. L'erreur de l'école de Darwin est devenue pour moi un problème: comment peut-on être assez aveugle pour se tromper justement dans ce cas ?... Prétendre que les espèces représentent un progrès, c'est l'affirmation la plus déraisonnable du monde: il leur suffit provisoirement de représenter un niveau. Si les organismes supérieurs se sont développés des organismes inférieurs, aucun exemple du moins ne le démontre encore. Je vois que les inférieurs ont la prépondérance par le nombre, par l'astuce, par la ruse. Je ne vois pas comment un changement fortuit peut être avantageux, du moins pas sur un espace de temps aussi long: car alors il
faudrait expliquer pourquoi un changement fortuit a acquis une telle force.