Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/189

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Et savez-vous ce qu’est pour inoi « le inonde » ? Faut-il que je vous le montre au miroir ? Ce monde est un monstre de force sans commencement et sans fin, une quantité de force d’airain qui ne devient ni plus grande ni plus petite, qui ne consomme pas, mais utilise seulement, immuable clans son ensemble, une maison sans dépenses ni pertes, mais aussi sans revenus et sans accroissement, entourée du « néant » comme d’une frontière. Ce monde n’est pas quelque chose de vague et qui se gaspille, rien qui soit d’une étendue infinie, mais, étant une force déterminée, il est inséré dans un espace déterminé et non point dans un espace qui serait vide quelque part. Force partout, il est jeu des forces et onde des forces, à la fois un et multiple, s’accumulant ici tandis qu’il se réduit là-bas, une mer de forces agitées dont il est la propre tempête, se transformant éternellement dans un éternel va et vient, avec d’énormes années de retour, avec un flot perpétuel de ses formes, du plus simple au plus compliqué, allant du plus calme, du plus rigide et du plus froid au plus ardent, au plus sauvage, au plus contradictoire, pour revenir ensuite de la multiplicité au plus simple, du jeu des contradictions aux joies de l’harmonie, s’affirmant lui-même, même dans cette uniformité qui demeure la même au cours des