Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Plaisir et déplaisir, voilà les termes les plus sots pour exprimer un jugement: par quoi on n'a naturellement pas voulu affirmer que les jugements prononcés de la sorte sont nécessairement sots. La suppression de tout fondement et de toute logique, une affirmation ou une négation dans la réduction à un désir ou à une répulsion passionnée, une abréviation impérative dont on ne peut pas méconnaître l'utilité: voilà le plaisir et le déplaisir. Leur origine se trouve dans la sphère centrale de l'intellect; ils ont pour condition une perception accélérée à l'infini, la faculté d'ordonner, de résumer, de vérifier, de conclure: le plaisir et le déplaisir sont toujours des phénomènes finaux et non point des " causes "...

La décision au sujet de ce qui doit provoquer le déplaisir et le plaisir dépend du degré de puissance: la même chose qui, par rapport à une petite quantité de puissance, apparaît comme un danger et la nécessité d'y parer aussitôt que possible, peut, lorsque l'on a conscience d'une puissance plus étendue, entraîner avec elle une excitation voluptueuse, une sensation de plaisir.

Toutes les sensations de plaisir et de déplaisir supposent déjà que l'on mesure d'après l'utilité générale, d'après le caractère nuisible, donc que l'on admet une sphère où l'on exprime la volonté