Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/98

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travaillent les unes contre les autres, telles que les représente l'ensemble de toute vie organique, le monde conscient de sentiments, d'intentions, d'évaluations n'est qu'un petit fragment. Nous n'avons aucun droit de considérer cette parcelle de conscience comme le but, la raison du phénomène général de la vie: visiblement le fait d'arriver à la conscience n'est qu'un moyen de plus dans le développement et l'augmentation de la puissance vitale. Voilà pourquoi c'est une naïveté de considérer comme valeurs supérieures le plaisir, ou la spiritualité, ou la moralité, ou un point quelconque dans la sphère de conscience; et de vouloir peut-être même justifier " le monde " en s'appuyant sur l'un de ces points. C'est mon objection fondamentale contre toutes les cosmogonies et théodicées philosophiques et morales, tous les problèmes et les valeurs supérieures dans la philosophie et la philosophie religieuse, tels qu'ils ont existé jusqu'à présent. Une catégorie des moyens de la nature a été mal interprétée pour y chercher les causes finales; par contre la vie et la surélévation en puissance de celle-ci ont été élevées au rang de moyen.

Si nous voulons déterminer un but assez vaste à la vie, ce but ne doit être identique à aucune catégorie de la vie consciente; il doit, au contraire, les expliquer toutes comme des moyens pour le réaliser...

La " négation de la vie " considérée comme but de la vie, comme but de l'é