Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/40

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d’exciter des nerfs fatigués, — il a rendu ainsi la musique malade. Son génie de l’invention n’est pas médiocre dans l’art d’aiguillonner encore les plus épuisés, de rappeler à la vie les gens à-demi morts. Il est passé maître dans l’adresse de l’hypnotiseur, il renverse les plus forts comme des taureaux. Le succès de Wagner — son succès sur les nerfs et par conséquent sur les femmes — a fait de tout l’ambitieux monde musical des disciples de son art mystique. Et non pas seulement les ambitieux, mais les sages… C’est de nos jours seulement que l’on fait de l’argent avec de la musique malade ; nos grands théâtres vivent de Wagner.

6.

— Je me permets de nouveau une douce gaieté. Je suppose que le Succès de Wagner prenne corps, revête une figure, se déguise en musicien savant et philanthrope, se mêle aux jeunes artistes. Comment pensez-vous qu’il pourrait s’épancher ? —

Mes amis, dirait-il, cinq mots entre nous. Il est plus facile de faire de la mauvaise