Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/54

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taire suffit, — tintements, agitation, couleur, bref la matérialité de la musique. Wagner n’a jamais compté comme musicien dans aucune conscience de musicien : il veut l’effet, il ne veut que l’effet. Et il sait bien sur quoi il lui faut produire de l’effet ! — Il possède en cela l’absence de scrupules, que possédait Schiller, que possède tout homme de théâtre, il possède aussi leur mépris de l’univers, qu’il foule à ses pieds !… C’est un cabotin, celui qui a sur le reste des hommes l’avantage d’une connaissance ainsi conçue : ce qui doit paraître vrai peut fort bien ne pas être vrai. La proposition a été formulée par Talma : elle contient toute la psychologie du cabotin ; elle contient — n’en doutons pas ! — sa morale aussi. La musique de Wagner n’est jamais vraie.

— Mais on la tient pour telle : et tout est dans l’ordre.

— Tant que l’on reste naïf et wagnérien par là-dessus, on croit que Wagner est même riche, qu’il est même un prodige de dissipation, qu’il est même un grand propriétaire terrien dans le royaume des sons. On admire en lui ce