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Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/186

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réussit à le faire de plus en plus. La religion n’exige d’eux pas plus que de se tenir tranquilles, avec les yeux, les mains, les jambes et toute espèce d’organes, de cette façon ils sont momentanément embellis et — rendus plus humains.

129.

Les conditions de Dieu. — « Dieu lui-même ne peut pas subsister sans les hommes sages », — a dit Luther, et à bon droit ; mais « Dieu peut encore moins subsister sans les insensés » — c’est ce que le bon Luther n’a pas dit !

130.

Une résolution dangereuse. — La résolution chrétienne de trouver le monde laid et mauvais a rendu le monde laid et mauvais.

131.

Le christianisme et le suicide. — Au temps de sa formation, le christianisme s’est servi de l’énorme désir de suicide pour en faire un levier de sa puissance : il ne garda que deux formes de suicide, les revêtit des plus hautes dignités et des plus hauts espoirs et défendit toutes les autres avec des menaces terribles. Mais le martyre et le lent anéantissement de l’ascétisme étaient permis.