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Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/265

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vent, sur les plus belles choses qui ne surent pas me retenir, les retours les plus féroces, puisqu’elles ne surent pas me retenir ! »

310.

Volonté et vague. — Cette vague s’approche avec avidité comme s’il s’agissait d’atteindre quelque chose ! Elle rampe avec une hâte épouvantable dans les replis les plus cachés de la falaise ! Elle a l’air de vouloir prévenir quelqu’un ; il semble qu’il y a là quelque chose de caché, quelque chose qui a de la valeur, une grande valeur. — Et maintenant elle revient, un peu plus lentement, encore toute blanche d’émotion. — Est-elle déçue ? A-t-elle trouvé ce qu’elle cherchait ? — Prend-elle cet air déçu ? — Mais déjà s’approche une autre vague, plus avide et plus sauvage encore que la première, et son âme, elle aussi, semble pleine de mystère, pleine d’envie de chercher des trésors. C’est ainsi que vivent les vagues, — c’est ainsi que nous vivons, nous qui possédons la volonté ! — je n’en dirai pas davantage. — Comment ? Vous vous méfiez de moi ? Vous m’en voulez, jolis monstres ? Craignez-vous que je ne trahisse tout à fait votre secret ? Eh bien ! soyez fâchés, élevez vos corps verdâtres et dangereux aussi haut que vous le pouvez, dressez un mur entre moi et le soleil — comme maintenant ! En vérité, il ne reste plus rien de la terre qu’un crépuscule vert et de verts éclairs. Agissez-en comme vous voudrez, impétueuses, hurlez de plaisir et de méchanceté — ou bien plongez à nouveau, versez vos