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Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/272

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tifiques, heure par heure, jour pour jour ! Nous-mêmes nous voulons être nos sujets d’essais et d’expériences.

320.

En se revoyant. — A. : Est-ce que je t’entends bien ? Tu cherches quelque chose ? se trouvent, au milieu du monde réel d’aujourd’hui, ton domaine et ton étoile ? Où peux-tu te coucher au soleil pour que toi aussi tu aies un excédent de bien-être et que ton existence se justifie ? Que chacun agisse pour son compte, — sembles-tu me dire — et se sorte de la tête les généralités, le souci des autres et de la société ! — B. : Je veux davantage, je ne suis pas de ceux qui cherchent. Je veux créer pour moi mon propre soleil.

321.

Nouvelle précaution. — Ne pensons plus autant à punir, à blâmer et à vouloir rendre meilleur ! Nous arriverons rarement à changer quelqu’un individuellement ; et si nous y parvenions, peut-être sans nous en apercevoir, aurions-nous fait autre chose encore ? — Nous avons été changés par l’autre ! Tâchons plutôt que notre influence sur ce qui est à venir contrebalance la sienne et l’emporte sur elle ! Ne luttons pas en combat direct ! — et toute punition, tout blâme, toute volonté de rendre meilleur est cela. Élevons-nous au contraire nous-mêmes d’autant plus haut ! Donnons à notre exemple des couleurs toujours plus lumineuses ! Obscurcissons