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vers les Mers nouvelles


Je veux aller — là-bas, et j’ai dès lors
Confiance en moi et en mes talents de pilote,
La vaste nappe de la mer s’étend
Et mon vaisseau génois navigue vers l’azur.

Tout scintille pour moi, dans sa splendeur nouvelle,
Le midi sommeille sur l’espace et le temps — :
Et ton œil seulement — monstrueux
Me regarde, infinité !




SILS MARIA


J’étais assis là dans l’attente — dans l’attente de rien,
Par delà le bien et le mal jouissant, tantôt

De la lumière, tantôt de l’ombre, abandonné
À ce jour, au lac, au midi, au temps sans but.

Alors, ami, soudain un est devenu deux —
Et Zarathoustra passa auprès de moi…



POUR LE MISTRAL
UNE CHANSON À DANSER


Vent mistral, chasseur de nuages,
Tueur de mélancolie, balayeur du ciel,
Toi qui mugis, comme je t’aime !
Ne sommes-nous pas tous deux les prémices
D’une même origine, au même sort
Éternellement prédestinés ?