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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/20

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ange consolateur, il l’enveloppa de ses ailes, il lui montra sa voie. Dès lors, l’autre sphère de la nature de Wagner devient visible pour nous ; mais comment la décrire ?

Les créations d’un artiste ne sont pas sa propre image, mais l’ordre dans lequel se succèdent les créations, auxquelles il a mis tout son cœur donne pourtant quelques indications sur l’artiste lui-même. Qu’on se représente en esprit Rienzi, le Holländer et Senta, Tannhäuser et Élisabeth, Lohengrin et Elsa, Tristan et Marke, Hans Sachs, Wotan et Brünnhilde ; toutes ces figures sont reliées entre elles par une même source souterraine de perfectionnement et d’accroissement moral dont les eaux s’épurent toujours plus en avançant — et ici nous nous trouvons, pleins d’une réserve respectueuse, en face d’un des plus intimes développements de l’âme de Wagner. Chez quel artiste voyons-nous quelque-chose d’analogue dans