Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/27

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Elle la secoua plus fort, même immobilité.

Un triste sourire erra sur les lèvres blanches de la jeune fille :

— J’en étais sûre, murmura-t-elle, veillons !

Elle releva la tête et sembla écouter ; aucun bruit ne se faisait entendre ; cependant au bout de quelques minutes, Marianne se jeta vers le pied du lit, et, s’enveloppant dans le grand rideau de velours sombre, elle devint subitement invisible.

Quelques instants après, madame de Sauvetat, à son tour, entrait par la grande porte du corridor.

Sans regarder le cadavre, elle s’approcha de la dormeuse :

— Cadette, appela-t-elle assez haut.

Elle la heurta plus fort que ne l’avait fait Marianne ; mais Cadette, inconsciente et presque sans vie, retomba inerte sur sa chaise de paille.

— Bien, dit Blanche, l’effet est produit.

— Sur la pointe des pieds alors, elle alla pousser les verrous de toutes les portes et revint vivement vers la cheminée.

Avec une adresse et une vivacité incroyables, elle dérangea la pendule et les grands candélabres, regardant attentivement jusque dans les interstices de la glace.

Un frisson secoua la grande draperie derrière laquelle Marianne avait trouvé un abri. Blanche ne le vit pas, toute préoccupée qu’elle était de l’inutilité de ses recherches. Au bout de quelques minutes, elle s’éloigna en murmurant :

— Je suis folle, ce n’est pas là.

Elle se dirigea alors vers les bahuts et les armoires, mais elle s’arrêta désappointée, il n’y avait de clefs nulle part.