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Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/28

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— Où peuvent-elles se trouver ? se demanda-t-elle déjà inquiète ; pourvu que Marianne ne les ait pas emportées !

Une expression de haine implacable passa sur les traits de Blanche.

— Oh ! murmura-t-elle, je les aurai, quand je devrais la tuer de ma main !

Elle regarda autour d’elle.

— Ici, peut-être, fit-elle, en désignant le cadavre.

Sans la moindre émotion, elle souleva le corps raide de son mari.

Sous l’effort violent qu’elle dut faire, les os craquèrent ; elle sourit étrangement, mais n’en continua pas moins à passer la main sous l’oreiller.

— Victoire ! dit-elle, je les ai !…

Elle laissa tomber lourdement le cadavre, et se mit à fouiller tous les meubles de la chambre.

Chaque papier fut examiné, chaque coin bouleversé, chaque tiroir renversé ; mais, à mesure que sa tâche avançait, ses mains frémissaient, ses yeux s’arrondissaient. Rien, elle ne trouvait rien !

De temps à autre, elle revenait instinctivement vers la pendule qu’elle secouait ; le timbre faisait entendre comme un plaintif gémissement ; la glace, sur laquelle elle jetait un regard épouvanté, lui renvoyait son image anxieuse, pâle, décomposée, c’était tout.

À bout de forces, elle leva les deux mains en l’air.

— S’il y a un papier, s’écria-t-elle, je suis perdue.

Puis après un moment de profonde réflexion :

— Non, la peur m’égare, fit-elle, il a craint de confier une vague parole à un médecin, il n’aurait jamais rien laissé d’écrit. Et l’autre !… Ah ! je saurais bien la réduire au silence.

Elle frappa du pied, et regardant le mort :