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Page:Nizan - Les Chiens de garde (1932).pdf/125

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et à leur orgueil. Rien ne les rapproche des hommes qui demandent une nouvelle philosophie efficace. Aucun drame ne les fait douter de la validité de leurs vieilles pensées. Platon dit qu’il faut infiniment de circonstances heureuses pour former le philosophe, il dit encore que le redressement des pensées est dur pour ceux qui ont été élevés dans l’esclavage depuis leur naissance : aucune heureuse chance n’a arraché M. Brunschvicg à l’esclavage spirituel auquel il s’est docilement soumis. Je doute qu’il soit temps encore.[1]

Mais pour de nouveaux venus, il est possible de donner à la Philosophie une nouvelle destinée. Ils peuvent détruire les anciennes idées pourvu qu’ils le veuillent seulement avec force et patience. Qu’ils sachent d’abord ce qui est mortel et ce qui vivra. La dénonciation des illusions philosophiques qui cachent leur position réelle aux enfants des Français de l’école laïque à l’Université, est un travail immédiatement utile.

Une classe d’hommes victime de la décrépitude du monde bourgeois comme elle fut victime de sa grandeur se dirige vers un monde qui comporte la ruine du monde présent. Tous les hommes qui ne consentent pas à mourir, qui ne veulent pas êtres complices, tous ceux qui n’acceptent ni le vide, ni la honte, se mettent dans l’ombre du prolétariat.

Marx a prononcé des paroles qui ont été entendues, parce que le prolétariat attendait qu’elles fussent dites et les approuvait d’avance. Elles disaient que l’oppression réelle des hommes n’est pas l’opération abstraite d’une

  1. Cf. note R.