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reconnue et embrassée par les seconds. M. Homberg, M. Motte, adopteront avec beaucoup de réticences la philosophie qu’implique l’action des ouvriers communistes.

Lorsqu’il en est ainsi dans le monde, la Philosophie comporte une division. Elle est même grossièrement divisible. Je dois penser grossièrement cette division initiale, bien que les bourgeois installés aux postes du commandement spirituel répètent que la grossièreté des divisions est un péché contre l’Esprit, et condamnent enfin à l’invalidation toutes les pensées qu’on forme ou qu’on conclut en partant de ces divisions vulgaires.

Mais les bourgeois seuls ont véritablement besoin de subtilité dans leurs divisions, et de profondeur visible dans l’esprit, parce qu’ils ont seuls quelque chose à cacher et que la grossièreté est un moins bon masque que l’esprit de finesse et que les nuances. Ils doivent se dissimuler derrière une belle nuée comme les Éternels dans Homère : M. Wahl, M. Brunschvicg, M. Marcel se déplacent au sein d’un nuage, comme les dieux, ou encore comme les seiches. L’épaisseur, la forme du nuage témoignent de la profondeur de la philosophie : d’aucuns trouvent que M. Rey n’est pas profond, son nuage n’est qu’un léger brouillard matinal, on voit ses malices du premier coup. Celui de M. Fauconnet n’est qu’une ombre. Mais M. Marcel est profond : on ne voit pas derrière son nuage le filet de ses malices.

Ainsi les philosophes se sentent à l’abri de tous les ennuis, par exemple de l’ennui des classifications grossières, ainsi ces Olympiens font leurs affaires dans leurs ombres humides favorables aux mystères et aux transmutations magiques. Si nous ne comprenons pas, ils murmurent : nuage, mon beau nuage…

Mais il n’est plus l’heure pour personne de