Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/134

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Malheureusement, te voilà bien vieux !

— Parce qu’on est vieux, tout n’est pas perdu ; la vieillesse peut trouver à la vie sa part délicieuse et même des plaisirs nouveaux : apaisement, calme, sérénité, heures de pensée haute, clairvoyante et pure.

On sent dans l’air, autour de soi, partout, comme l’incubation immense d’un monde prêt à naître.

Je pense au vers de Virgile (IVe églogue) : Magnus ab integro… annonçant un nouvel ordre de choses, et qui, jadis, me faisait adresser à l’ami Eugène Manchon de si étonnants commentaires.

C’était le temps où l’excellent garçon, étudiant en droit à Paris, nous divertissait avec ses préludes au Livre des peuples, projet de Code universel qui, dès les premiers articles, devait prescrire le vœu de chasteté et de célibat absolu ; il s’agissait de préparer sans violence, et par un sacrifice volontaire, la fin d’un monde où la perversion avait tout envahi…

Hélas ! voilà — déjà — quatre ans que Manchon mourait, avocat estimé, conseiller général et pauvre, après épuisement de deux fortunes en services rendus. Très loyal, mais très décousu en politique,