Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monde des éléments de bonté, de providence, et je remerciai…

Ainsi devait se passer ma vie.

Au Tot, où j’eus après la mort de mon père à diriger le moulin, l’état rêveur persista, s’édifia, se nourrissant des faits de nature observés dans les prés, dans les bois, au bord des ruisseaux. Jamais, cependant, je ne sus m’astreindre à scruter scientifiquement cette nature aimée. Aussi, en aucune partie des connaissances humaines n’ai-je rencontré chez personne une ignorance égale à la mienne.

Du côté des arts, même lacune ; ni musique, ni dessin ; je n’ai même jamais su danser. Une incapacité étonnante en est résultée, mais aussi une très grande liberté de penser. En beaucoup de points, j’ai vu plus clair que de plus instruits.

De tous les enfants de ce temps, je dois avoir été seul a n’apprendre que par le fait lui-même la métamorphose des insectes, et non par la lecture ou les leçons d’un maître.

Élevant toutes sortes de bestioles (j’ai raconté cela dans La vie des fleurs), j’eus la stupéfaction de voir la chenille se changer en chrysalide, en papillon.

Le saisissement, l’émotion que j’en éprouvais ne sont pas encore complètement calmés ; ces jours-ci je les retrouvais en lisant le petit livre de John Lub-