Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/153

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bock : Métamorphoses des insectes. Je les retrouvais à la lecture du livre de Perrier : Les colonies animales.

Je voudrais dire l’influence de certaines heures vécues sans aventures, sans évènements, qu’on puisse avec quelque précision se rappeler à soi-même.

Par un beau jour d’été, parti du Tot la canne à la main, j’allai par les bois d’Enceaumeville vers le vallon solitaire et sauvage appelé la Vallée de misère. Cette vallée de misère s’était, avec le temps, changée en un très joli sentier.

Je sortis du bois ; je m’assis sur le coteau en contemplation du paysage ; puis à l’ombre chaude de grands coudriers, je m’étendis sur le dos, ayant au-dessus de ma tête le léger feuillage, autour et tout près de moi, sur moi, sous moi, fleurs et gazon parfumés. Les moucherons, les oiseaux et leurs chants se mêlaient au concert des eaux et du vent. Hautbois, flûtes, flageolets, timbales, tout était chant, tout était danse, tout était vie. On eût pu me croire endormi : c’était au contraire éveil et vibration de tout moi-même.

Et ce fut un de mes beaux jours. Je venais de goûter à la richesse des gueux sortant de leur taudis pour aller s’étendre au soleil.