Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/163

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comédien de profession, tout à coup ne veut plus être que l’acteur de lui-même ? Sans être un saint, je ne devais être, paraît-il, que le secrétaire de moi-même.

On m’a demandé si, moi aussi, je n’écrirais pas mes mémoires.

Mes Mémoires ! En vérité, les voici. Singuliers mémoires, écrits sans le savoir, ce qui n’est pas une mince originalité. Aussi me garderais-je d’en modifier la forme.

Les souvenirs n’y sont-ils pas plus naturellement évoqués qu’ils n’eussent pu l’être dans un récit prémédité, suivi de point en point, chapitre I, chapitre II, etc. ?

Pour commencer, venue au monde d’un pauvre petit être si informe, si misère, que l’accoucheur (il s’appelait Legay et toute sa vie eut l’air de pleurer) jeta dans un coin le triste fœtus.

Heureusement, mon père me releva, me fit envelopper de linges chauds ; le fœtus respirait et continua de respirer, de vivoter ?

Grâce aux soins maternels, le petit être peu à peu se débarbouilla, se développa, marcha, parla ; cependant Legay, toujours pleurard, affirmait que certai-