Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/164

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nement l’enfant ne dépasserait pas le premier septennaire.

J’en avais dix lorsque pour une indisposition on le fit appeler et je l’entendis démontrer à mon père, avec de grands mots, l’impossibilité pour moi de franchir la puberté.


XXXVI


Qu’était-ce que cette puberté pour moi si menaçante ? Je consultai un dictionnaire : elle arrivait pour les jeunes gens entre quatorze et seize ans. J’eus peur. Cependant, je franchis gaillardement la quatorzième année. C’était en 1830 ; il y avait de l’électricité dans l’air, il y en avait même en ma petite personne. J’étais dru, très vezilland (vieux mot normand) ; Legay était mort et le troisième septennaire allait être franchi ; mais ne voilà-t-il pas que je devins malade et qu’un nouveau docteur déclara que je n’achèverais pas l’année. Il me jugeait phtisique.

Tous ces pronostics lugubres, je crois bien, me sauvèrent, attendu que pour le peu que j’avais à vivre, on me laissa en parfaite liberté et tranquillité faire ce que je voulais, dans le joli jardin de la rue Saint-Hilaire. J’y devins, tout seul, jardinier, bota-