Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/34

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Tante Hilaire, mariée au village, comme elle y était née, avait eu la bonne chance de rester toute sa vie une franche paysanne. Tante Adélaïde, née aussi au village, mais mariée jeune à la ville, prit les allures bourgeoises, belles toilettes sans goût, le luxe rococo ; ce fut pour elle une cause d’infériorité.

Il m’a été dit plus d’une fois que mes paysans dans La Campagne et dans les Labêche étaient des paysans de pure invention, que jamais ces gens-là n’avaient existé, que je ne les avais pas vus, mais imaginés et rêvés.

— Est-ce que j’ai rêvé tante Hilaire ? est-ce que j’ai rêvé la famille Vannier, mise en scène dans La Campagne ?

Et l’oncle Buron, qui nous racontait les malheurs de sa vie militaire en Hollande de façon à faire pouffer de rire ?


V


Que la terre pourrait être belle et bonne ! L’ordre, l’entente, l’harmonie, la fédération de tous les êtres entre eux serait possible, tout y tend. Les animaux ne demandent qu’à se grouper, qu’à travailler de concert, sous une direction amie. L’homme semblait désigné pour cette direction… Mais on dirait que de