Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/48

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nous fîmes le 3 juillet, je me livrai à je ne sais quelles réflexions sur les révolutions imminentes, et cependant, à dix que nous étions, nous avions visité le Chêne à Leu, Saint-Georges-de-Boscherville, Jumièges. Élie Reclus, Dumesnil, Mme  Dumesnil, Camille Dumesnil, Lambert et Mme  Lambert, ma femme, nos deux filles et moi, nous étions partis joyeux, en deux carrosses découverts !

Lambert, dans la traversée du bois de Canteleu, avait récité des vers. Élie Reclus, devant les ruines grandioses de Jumièges, nous avait dit ce que la célèbre abbaye doit à la Révolution, qui lui a donné son relief en la mettant en ruines. La ruine est la vraie parure du gothique.

Que n’ai-je noté ses paroles et celles de Dumesnil sur la revanche de la nature refaisant la conquête du vieil édifice, et celles aussi de Lambert devant le tombeau d’Agnès Sorel ?

Combien tout cela eût été préférable à mon dire sur l’imminence des révolutions !

Dumesnil et moi nous eûmes aussi grand plaisir, en cette promenade, à nous rappeler nos excursions d’il y a cinquante ans à Saint-Wandrille, à Caudebec et dans toute la contrée.

Notre déjeuner à Duclair, en face de la Seine, avait été comme si tous nous avions eu vingt ans ; nos pauvres fillettes étaient heureuses de ce bon air, de