Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/80

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nations. Son génie est là et là le sens de sa révolution adoptée par le monde entier.

Vous ne trouveriez pas sur la terre un opprimé qui ne sente cela.

Si mal venues soient-elles, ces notes me font voir et toucher du doigt l’enchevêtrement inextricable de l’individualité dans l’ensemble général des choses.

C’était à cet ensemble des choses que je croyais, en commençant, tenir mes observations et souvenirs quotidiens ; mais l’histoire est devenue vite autobiographie, tant je sentais l’autobiographie se fondre dans l’histoire.

Nous nous trouvons tous mêlés à une comédie qui, beaucoup plus que notre volonté personnelle, nous dirige et nous emporte.

Depuis combien d’années et depuis combien de siècles la comédie était-elle commencée au jour de notre naissance ?

Nous ne faisons que traverser la pièce un instant… Que de rôles divers cependant on peut y avoir joués ? Rôle de Chérubin, rôle de jeune premier, de raisonneur, de père noble, et puis le voilà Géronte ce Chérubin et ce Valère d’il y a soixante ans !

À quelle année, quel jour, quel moment, peut-on saisir son propre moi et dire : Me voilà ? ce fut le souci de Montaigne qui, voulant chez les autres et chez lui-même saisir l’individu, le voyait incessam-