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ment lui échapper, toujours changeant, toujours fuyant et s’écoutant.

« Je ne puis assurer mon objet, il va trouble et chancelant d’une ivresse naturelle ; je le prends en ce point comme il est en l’instant que je m’amuse à lui ; je ne peins pas l’être, je peins le paysage. »

Qui n’accepterait pourtant avec allégresse le beau scepticisme de Montaigne en sa conclusion : « Ce monde est un temple très saint. » II. 12.

Ces idées sont peu, très peu, conformes aux idées aujourd’hui courantes ; mais ce qu’écrivait Montaigne était-il plus dans les idées courantes de son temps ?

Arétin et Brantôme avaient bien autrement de lecteurs chez Messieurs de la noblesse, de la robe et de la soutane.

Encore aujourd’hui, que lit notre monde bourgeois ? Regardez aux vitrines des libraires, si vous le pouvez, sans rougir.

Seulement, s’en tenir aujourd’hui aux ordures de nos Arétins et de nos Brantômes, c’est de beaucoup plus honteux que ce pouvait l’être à la fin du xvie siècle.


XVI


Aux approches des révolutions, il semble se pro-