Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

oiseaux était sa passion ; aussi était-elle arrivée à les imiter dans la perfection.

Vingt ans plus tard, cette fillette devenue mère apaisait les plaintes d’un petit garçon malingre et criard, en lui sifflant doucement des airs de linotte et de chardonneret. Le petit garçon, c’était moi, et je ne saurais dire quel plaisir j’éprouvais à cette imitation des oiseaux. Je pris en goût, peut-être à cause de celà, les instruments de musique les plus primitifs et les plus simples.

Le tailleur Bertrand, qui avait été mon premier maître de littérature (j’ai raconté cela dans le Magasin pittoresque), fut aussi mon premier maître de musique. Il jouait très bien du flageolet, et c’est par lui que, pour la première fois, je connus les petits airs de Rousseau. Il me joua et me chantonna tout entier le Devin du village. Il me semblait entendre encore les oiseaux au printemps.

Ceci me rappelle une anecdote bien plus rapprochée. C’était en 1878, peu de temps après le voyage à Paris où Paul et moi nous avions assisté au centenaire de Jean-Jacques.

L’ancien professeur de Paul dînait avec nous et je parlai du plaisir que m’avait causé le Devin.

— Ah ! le Devin du village, que c’est joli, monsieur Noel !