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NOA NOA

Le Dieu de la terre répondit à la Déesse de la lune :

— Non, je ne le ferai point revivre. L’homme mourra ; la végétation mourra ainsi que ceux qui s’en nourrissent ; la terre mourra, la terre finira, elle finira pour ne plus renaître.

Hina répondit :

— Faites comme il vous plaira. Moi, je ferai revivre la lune.

Et ce que possédait Hina continua d’être. Ce que possédait Téfatou péril et l’homme dut mourir.

Ce goût de la pitié, qui n’était pas dangereux tant qu’il s’équilibrait par la pratique auguste du sacrifice où les hommes apprenaient à savourer l’extase de l’héroïsme, elles-mêmes les femmes sentent ce qu’il a, solitaire, de mortellement équivoque. — Mais rien de plus ne leur reste de Matamua, et elles se repaissent de ce vestige.

Rien de plus, — et leur beauté, et leur âme, inaltérables.

La jeunesse éternelle des éléments s’affirme, avec les caractères de leurs diverses essences, plus nécessairement en la Maorie qu’en toute autre femme. La légèreté versatile de l’air est dans sa pensée, dans ses sentiments, dans sa parole. La profondeur agitée de l’eau est dans son regard. Ses pieds solides tiennent à la terre aussi fortement que les racines des arbres. Le feu solaire flambe dans ses sens. Il en résulte un