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NOA NOA

elle ne se livre pas. Toujours au bord du dernier mot elle se tait, au bord du seul mot qui eut tout dit, et son incompréhensible sourire intervient avec le silence, réservant l’intime vérité hors des prises humaines. Et la certitude ne sera jamais. Non plus la lassitude : avec le sourire, voici que tout l’être s’est renouvelé, sollicitant à de nouvelles études, gaiment, la curiosité jamais émoussée.

Peu à peu, dans les recherches de l’artiste, le type d’une Eve dernière s’informe, physique et comme végétale, le robuste jaillissement d’un jeune arbre dans l’aboutissement épuisé d’une hérédité longue, avec la consécration de l’antiquité fabuleuse qui fait le fond de ses regrets et de son orgueil, avec le sceau de ce vieux, de cet insondable passé où rêvent ses instincts, ses plaisirs, ses terreurs. Elle a dans Jadis son orient et rien ne naitra d’elle, idole et prêtresse d’un culte défunt.

IV.

Parahi té Maraë : la réside le Temple.

Car le Temple, lieu ouvert et le sommet de la montagne que touchent les pieds des Dieux, est lui-même un vivant. Ici, lui seul : à son contact meurt la nature, de terreur ou d’amour, et les cimes des grands arbres s’inclinent au seuil de l’enceinte aride.


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