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NOA NOA

Ces derniers vers, hier actualité, aujourd’hui l’Histoire les souligne d’une singulièrement émouvante coïncidence.

La fière race maorie n’a pas attendu nos conseils pour se résoudre à l’héroïsme du suicide, et si elle ne remonte pas, littéralement, à la Montagne du Sacrifice, si elle accepte le mode, plus moderne, de la fusillade, c’est tout de même à la mort qu’elle va, pour l’amour de son propre et national idéal, et c’est donc à ses Dieux qu’elle retourne.

Tel, du moins, l’exemple de grandeur que donna au monde — mais la presse là-dessus soigneusement fit le silence — la population de Raïatéa, l’une des Îles-sous-le-vent.

Les spécialistes qui dirigent notre « expansion coloniales », ayant décidé d’annexer à nos possessions océaniennes ce petit groupe d’îles, usèrent d’abord, humainement, des moyens diplomatiques. Mais ils commirent une lourde faute en confiant ce soin au nègre qui gouvernait Tahiti, Lacascade.

Celui-ci envoya à Raïatéa un messager, qui réussit, par la ruse, à amener sur la plage le chef de l’île, accompagné de chefs subalternes. À peine étaient-ils en vue que, du navire de guerre qui attendait à distance le résultat de cette première