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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/35

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Les tilleuls, neufs et courts, ouvrent des bras tranchants.
Un blanc volubilis, à Port-Royal-des-Champs,
Est, ce matin d’été, brillant dans la résille
Qu’un rais vif du soleil noue ainsi qu’une vrille
À sa faible corolle au parfum de vanille.
Le jour mol et lassé repose sur le val.
Quoi ! c’est sous ce ciel lourd, sur ce morceau de terre,
Dans l’hostile rigueur du monde végétal,
Que l’esprit scrupuleux, moqueur, sublime, austère,
Vit resplendir soudain le Christ oriental
Tel qu’un jour il priait au Jardin des Olives ?
— Ni l’espace distrait, ni le bruit des eaux vives,
Ni le cours régulier des distraites saisons
N’ont imposé le doute à la haute raison !
Et je lève les yeux vers la nue, où s’allongent
Les nuages touffus qui dédaignent nos songes,
Et nous mépriseraient de languir aussi bas !
— Partout où mon regard a scruté la nature
J’ai vu l’effacement muet des créatures,
Sur qui se renouvelle un printanier combat.
Rien ne vient conserver l’humaine réussite !
Pas même une ombre pâle et pas même un écho
Ne flottent dans l’azur où l’été ressuscite
L’avoine scintillante et les coquelicots