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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/36

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Qui règnent sur l’argile où s’écroula César !
Les temples de Sicile, en leurs suaves sites,
Palpitent par le chaud glissement des lézards,
Cependant que les dieux, riants ou redoutables,
Sont inconnus des flots murmurant sur le sable.
— Pascal, suprême esprit, croyant persécuté,
Voici encore un vain, un animal été.
Que reste-t-il de vous, songeur, prince des hommes ?
Le siècle, captivé, vous écoute et vous nomme.
Mais cet encens ne peut toucher votre néant.
Je contemple l’éther, j’entends les océans,
Je suppute en tous sens la ténèbre et l’aurore,
Je confronte l’orgueil des humains et des cieux,
Et vous disiez : « Que de royaumes nous ignorent ! »
Quand votre âme exhalait son rêve ambitieux.
Sur vos cendres, le globe a le même visage.
Les roses poivriers, de leur mince feuillage
Font un dessin ténu sur les brillants chemins
De l’Hellade où marchaient Socrate et Diogène.
Innocence du temps, force que rien ne gêne !
Les caféiers fleuris, au parfum de jasmins,
Enivreront sans fin, de leur heureuse haleine,
Les bois empanachés de l’azur tropical.
Seul l’univers triomphe, ascétique Pascal !