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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/76

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— Que loué soit aussi le héros dont les ailes
Sont deux drapeaux penchés sur des corps endormis,
Lui qui, ressuscitant les stoïques amis,
Sur les soldats de France et d’Angleterre a mis
Des épitaphes immortelles !

Fascinés par la franche et sublime lueur,
Quel nom donnerons-nous à l’homme qu’on contemple
Avec ce long silence attentif et songeur ?
Quel terme est assez fier, quels mots sont assez amples ?
Qu’il soit nommé le Feu, l’Énergie et l’Exemple,
Qu’il soit nommé Consolateur !

Consolateur puissant pour les jours sans courage,
Consolateur secret pour les cœurs moins hardis,
Main d’airain qui, puisant dans le tombeau des âges,
A ramené soudain sur l’antique rivage
Un terrestre et frais paradis !

Veuille l’humanité, dans sa plainte infinie,
Considérer parfois cet honneur sans pareil
D’être, par ses enfants, divine et rajeunie.
Qu’elle efface les pleurs de sa face ternie,
Puisque, lorsque l’azur a de muets soleils,
La sombre terre a le génie !