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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/77

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HOMMAGE À BAUDELAIRE


— Vous qu’on ne croit pas mort, tant le cœur vous possède,
Tant chacun de vos chants a le brillant des yeux,
Baudelaire, ange obscur, étincelant, fiévreux,
Dont le verbe nous meut, nous guide et nous obsède,

Se peut-il que l’on soit près de vous ce matin,
Sur le sol funéraire où dort votre silence,
Vous qu’on n’approche point, que jamais on n’atteint,
Et dont le tombeau seul nous permet la présence !

Moi, je ne savais pas où reposaient vos os,
Jamais mon cœur pensif ne crut à l’alliage
De vos pourpres liqueurs, de vos vibrants sillages,
Avec l’humble demeure où vous êtes enclos.