Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/117

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— Mémoire qui reviens, rapportant pour un jour
Dans tes mains étonnées
Les espoirs, les désirs, le tourment et l’amour
Qu’on souffrit des années.

Toi qui fais s’élancer les souvenirs assis
Et les mortes pensées,
Pourquoi tout cet effort et tout ce labeur, si
Ces choses sont cessées,

Pourquoi tout ce travail ponctuel, que prétend
Ta fureur décevante,
Vois, tu n’es pas la sœur ni l’épouse du Temps,
Tu n’es que sa suivante.

Tu ramasses, aux soirs des beaux plaisirs défunts,
Ce que la vie ardente
A laissé de raisins, de lierre et de parfums,
À sa branche pendante,