Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/118

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— Mais tu viens, nous voyons pressés sur ton cœur sec,
Des fruits et des ramures,
Alors tout l’arbre vif renaît en nous, avec
Son ombre et ses murmures.

Tu portes quelquefois dans le creux de ta main
De l’eau qui luit et tremble,
Et voici que la mer, la source, le chemin
Se retrouvent ensemble.

Tu rapportes des voix, des odeurs, le regard
Qu’a eus l’heure profonde,
Alors voici qu’ayant oublié ton retard
Le cœur se trouble et gronde,

Et tu reviens toujours, et rêves cet honneur,
Que l’âme inassouvie,
Sans voir ton vêtement et sans voir ta pâleur,
Te prenne pour la vie…