Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Laissez qu’auprès de vous, dans le gazon roussi,
Comme le ruisseau clair qui coule au pied des aulnes,
Je m’étende, au milieu du nard et des soucis
Où glisse obliquement un peu de soleil jaune,

Je resterai ainsi, le cœur lent et lassé,
Les mains traînant au chaud feuillage des verveines,
Je ne chercherai pas à revoir le passé
Dont le trop vif poison brûle encor dans mes veines,

Le merveilleux passé d’ardeur et de douleur,
Qui rit si doucement dans sa brume lointaine
Que quelquefois, malgré tant d’ombre et tant de pleurs,
Sa face a la fraîcheur des eaux de la fontaine…