Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/164

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— Ah ! le mal irritant ou languissant que font
Le cri, l’oppression, la douloureuse entrée
Des regrets, des désirs dans un cœur si profond !
— Douceur des champs je suis par vous désaltérée,

Je ne veux plus aimer que le champêtre Amour,
Cet Amour immobile aux ailes recroisées,
Dont le carquois serait plein d’épis roux et lourds
Trempés de suc, de miel, de baume et de rosée.

Je lui dirai : c’est vous que j’ai tant désiré,
Même aux heures de joie avide et violente
Je rêvais de cet arc puéril et doré
Que vous faites avec une avoine pliante

Je lui dirai : puisque vous n’êtes pas cruel
Que de vous ni les champs ni les eaux ne se plaignent,
Que vous jouez avec de la sève et du miel
Assis sur l’herbe molle et sous l’arbre à châtaignes,