Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/168

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Et puis la nuit venait ; ô beauté de la nuit,
Sombre éclaircissement ! l’air doucement se vide
De chaleur, de reflets, de lumière, de bruit,
La lune dévoilée et lucide préside…

On goûtait la tiédeur ivre du large été ;
Alors épouvantée, ayant besoin de n’être
Jamais seule devant la douce immensité
Nous causions longuement, dans l’air, à la fenêtre.

— L’ombre d’un autre cœur a de plus noirs détours
Que la nuit orageuse, impénétrable et sombre.
Éclairs des faux regards, phare du faux amour
Où menez-vous l’espoir, qui se brise et qui sombre !

Le passé vit en moi ce soir, ce trop chaud soir
Où je songe accoudée au-dessus de la ville,
Mon cœur las n’ayant plus la force de vouloir,
De désirer, d’aller vers les champs plus tranquilles.